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Page:Adelsward-Fersen - Et le feu s’éteignit sur la mer.djvu/58

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Le jeune homme se dirigeait maintenant vers les Baylen, comptant ramener sa sœur. Depuis qu’il était revenu du régiment, il avait trouvé Nelly bien changée, grandie au point de ne pas la reconnaître, mais avec des manières, des accents, dont le cabotinage lui déplaisait. Évidemment, Nelly avait dû subir de mauvaises influences.

Le père Maleine, à Londres comme à Paris, n’avait guère le temps et encore moins la volonté de s’occuper de ses filles. Gérard, au contraire, dont les visites chez le Dr Blanchard continuaient et à qui sa malheureuse mère parlait parfois des petites, se sentait responsable de l’éducation et de la tenue de ses sœurs.

Déjà, une fois, il avait entendu par hasard quelqu’un blaguer son aînée, trop flirt. Il l’avait vertement remis à sa place et l’affaire manquait les conduire sur le terrain.

L’annonce de cette peste de Mme d’Elaine l’ennuyait. Il connaissait trop ce Minosoff. Il savait le prince pourvu d’une mauvaise réputation inattaquable. Clotilde Bernard, des Nouveautés, arrêta Maleine au moment où il arrivait près des Baylen. Elle amenait au Majestic ses menus plaisirs de service, un petit modèle italien — à peine seize ans — c’est très à la mode chez ces vieilles dames de jeunes premières.