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XI

Depuis bientôt trois semaines, Gérard vivait à Rome dans l’enchantement. On était à la fin de janvier, un de ces janviers secs, lumineux et doux dont le soleil chauffe si bien les grands escaliers de pierre. Il avait erré, quasi tous les jours, au hasard et sans guide, se réservant le plaisir félin de découvrir, comme si avant lui personne ne l’eusse fait, les ruines. Mais ses promenades favorites le conduisaient soit dans les ruelles tortueuses, criantes et escarpées du Transtévère, soit du côté de l’Académie d’Espagne, au Janicule, d’où l’on découvrait la ville scintillante sous le ciel bleu, et couverte parfois de vapeurs fines et pâles. Parfois aussi, il s’égarait, montant les gradins majestueux de la place d’Espagne jusqu’au Pincio et à la Villa Médicis.