Page:Adelsward-Fersen - Les Cortèges qui sont passés.djvu/60

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HAINE

Le jour meurt violemment, comme naît une aurore :
Des ferments de colère éclatent dans mon cœur
Avec la sève ardente et la rouge vigueur
Des floraisons que les déserts sentent éclore !
 
J’ai assez de souffrir et de rêver d’amour,
Gueuse, quand tu sais bien ma torturante peine,
Et je jette au hasard des incendies lointaines
Tout ce qui fit de moi ton esclave d’un jour !
 
Car j’ai connu la honte et j’ai eu la folie
De vouloir dédier mon âme à ta beauté ;
Loin des yeux caresseurs qu’autrefois j’ai chantés,
J’osais pleurer à peine et pourtant tu m’oublies !

Oui, les doutes, les vœux, les faiblesses, les pleurs,
Les splendides espoirs pareils à des prières,
Les remords que je t’ai balbutiés... chimères !
Je détourne la tête à leurs propos menteurs ;