Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
BAISER

Quand il eut dépassé le sottoportico, Jacques retrouva le calme. Les cloches de Saint-Zaccharie sonnaient. Jacques leva la tête vers l’horloge. Il était neuf heures à peine. Cette vue le soulagea. Du reste, la cohue contre laquelle il se heurta en voulant entrer dans l’église lui montra sa méprise. La messe finissait en place de commencer. Jacques dut attendre, en plein soleil, grise par la chaleur pénétrante et douce où dormait la petite place dallée de marbre. À l’intérieur du sanctuaire, l’orgue s’exaltait en une bénédiction magnifique. L’écho en arrivait jusqu’à Jacques parfois en murmures indistincts, parfois en tumulte. Jacques pensait à Ninette, et sa pensée s’enivrait étrangement aux sons dont il était bercé.

Elle aussi bénirait, elle aussi animerait l’orgue… et son rêve se sentait vaguement prisonnier de la musique. Les aveux qu’il n’oserait jamais, les mots de tendresse inexprimée, les élans vers l’étreinte, se révèleraient au