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NOTRE-DAMES DES MERS MORTES

sortirons sur la place, on nous acclamera, vous la Beauté, moi, la Jeunesse. Subitement vos yeux deviendront clairs quand j’aurai baisé leurs prunelles. Et les oiseaux voleront autour de nous avec des cris joyeux. Nous vivrons notre rêve. À vingt ans nous connaîtrons la douceur de croire, la splendeur d’être. Oh ! qu’elles seront jolies nos fiançailles…

Et l’orgue chantait une musique éclatante et sereine. En bas la messe finissait dans des volutes d’encens, dans des éclats de cierges. L’officiant bénissait. Les deux enfants courbèrent la tête. Contarinetta resta penchée sur l’orgue, on eut dit qu’elle pleurait.

— Je ne vous ai pas fait de peine… dit Jacques… Je vous aime ! Alors, les regards de la jeune fille, les regards invisibles et chargés de lointaines brumes lui sourirent vaguement. Et comme la psalmodie mourait, plus douce que la brise, leurs bras se joignirent, leurs lèvres se frolèrent, ils mirent leur âme dans ce baiser !…