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LE BAISER

subsistait. Sous la pauvre robe noire, Jacques distinguait une respiration saccadée et intense… Laissez-moi… ne me parlez plus… Laissez-moi. Mais Jacques, tout proche, continuait la légende :

— Je vous aime ! Vous êtes bonne et vous ne voulez pas me faire de peine. Demain, ce soir, si vous hésitez ce soir, j’irai demander que l’on vous donne à moi. Comme elles seront belles nos fiançailles. Je vous ferai vêtir de drap d’or, de vieux damas et de velours constellés de gemmes, comme vos aïeules qui furent les dogaresses. Je vous apporterai des perles sur des plateaux ciselés, des urnes et des parures… et je vous tendrai des vins précieux, aussi précieux que ceux qu’Antoine offre à Cléopâtre sur la fresque… Et nous nous marierons à Saint-Marc, par un matin d’ivresse, par un matin de Printemps ou d’automne, les saisons prometteuses. Nous seront unis pour jamais en face des vieilles croix lumineuses, des mosaïques ardentes, des voûtes infinies. Lorsque nous