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APOTÉOSE

Jacques se souvenait de l’histoire héroïque et, la mêlant à son rêve évoquait par ce soir, des luminosités grandioses. Un désir de départ, de voyage et d’infini le torturaient. Puisqu’il était venu et qu’il l’avait baisée pourquoi ne pas partir, pourquoi ne pas précipiter l’apothéose ? De même que la Princesse endormie, leur amour trop beau, trop unique pour vivre, ils le garderaient en eux comme dans le plus somptueux reliquaire. Et la barque les emmènerait, par un crépuscule analogue, vers des horizons de clarté… Ils traverseraient les lagunes où la nuit personne ne passe. Et les lagunes entendraient leurs caresses. Et elles aussi, en nostalgie du passé, évoqueraient les cortèges dogaresques, les Sérénades et les Bucentaures, les orgies et les barcarolles et les fêtes nuptiales ! Elles ressusciteraient les Mers Mortes ! N’était-ce pas la Vierge elle-même qui passait, la Vierge… Notre-Dame ? Les sirènes endormies reprendraient leur chanson, faisant frémir au