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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/181

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SOUS LA NUIT ETOILÉE...

ques. Que dit la chanson, que pleurent les paroles ?… Sur des rythmes entrecoupés, sur des motifs convulsés, ce sont des plaintes, ce sont des plaintes. Douleur dont s’harmonise ce fantôme, effroi dort se pare cette ville. Or et lumières, ruines et fumées, palais et lagunes, ensevelissement et tombeaux, ne croirait-on pas assister à la messe des morts, à la messe d’une morte ? Voyez aux désastres des étoiles si l’on ne porte pas quelqu’un au cimetière, palpitante, effroyable apothéose. Venise entière se lève de sa pourriture merveilleuse et tend les lèvres. Des oiseaux qui passent. Un murmure… Et des orgies roulent sur les nuées, des têtes sanglantes et des spasmes. Les anges de pierre menacent et s’envolent. Les clochers d’or pointent pareils à des bijoux monstrueux, la lune saigne sur les vieux toits. C’est l’heure des apothéoses et des agonies… Venise se lève sur les canaux d’ombre de sa tombe, comme une

tragique ressuscitée…

15.