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SOUS LA NUIT ETOILÉE…

et de l’amour. La musique leur arrivait un peu mystérieuse et voilée. La mélodie bohémienne du chanteur sauvage et triste, parfumait leur cœur d’un vague oubli. Ils étaient l’un à l’autre, extasiés d’eux-mêmes. La jeunesse et la beauté, ces deux sœurs divines, semblaient les avoir choisi ? Parmi ces splendeurs déchues dont ils évoquaient la gloire, entre ces murailles en ruines et ces églises caduques, ils personnifiaient la force éternelle de la Vie.

— Prenez-moi la main, murmurait Contarinetta toute chancelante, une fois vous m’avez dit que vous prenez vos sœurs ainsi par la main pour leur raconter des légendes. Et vous m’aviez dit que souvent, elles venaient dans la chambre où vous travailliez, près de Paris, à la campagne ; alors vous sentiez naître les rimes les plus fines et les plus délicates rien qu’à la pression tiède de leurs mains autour de votre cou.

— Voici ma main sur la tienne, écoute notre légende, répondit Jacques.