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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/184

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

Et comme leur gondole était arrivée avec le cortège des autres barques en face de la Salute, dont les volutes de marbre apparaissaient au clair de lune pareilles aux roues d’un char abandonné, comme le golfe et la Jiudecca s’étendaient à leurs yeux dans une pose languissante et superbe, pareils à un verger d’or, Jacques parla…

Il n’y avait sur terre ni princes ni doutes fées. Des lacs murmurants, des plaines empourprées, des bois remplis d’oiseaux, le miracle avait fui. Les hommes à la chasse du Progrès avaient tué la Poésie. Et c’était fini d’entendre au bord des mers chanter les sirènes, palpiter les sylphes entre les roseaux souples. Les garçons ne parlaient plus aux filles et, avec le baiser, le rire avait disparu. Les vieilles grand’mères racontaient cela en grognant et brandissaient leur canne. Cela, rien n’y faisait. Le Roi printemps était mort.

Alors on commença à désespérer. Dans une