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SOUS LA NUIT ETOILÉE...

seule ville on avait gardé la Foi. Eloignée des autres — isolement splendide — elle était bercée le jour par la clarté du soleil, le soir par la rumeur de ses rivages. Cependant dans cette ville, comme dans d’autres, le Printemps était mort. Un soir une musique étrange s’éleva sur les eaux. Un enfant chantait, beau et pâte comme Jésus. Dans ses modulations vibraient des appels et des prières. Ceux qui l’entendirent furent saisis d’un atroce désir. Partout où ils rencontrèrent des hommes, ils leurs poignardèrent le cœur et l’arrachèrent des poitrines saignantes. Et ils revenaient vers le chanteur et lui offraient les trophées. Lorsque la barque où il jouait fut pleine jusqu’au bord, il partit sans qu’on sut jamais sa destinée, vengeance incarnée de l’amour… Jacques se tut… Vengeance incarnée de l’amour, répéta Ninette comme en rêve…

…Et le vent emportait leurs paroles. Comme Jacques partait snrgtt dans l’ombre