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LA PRIÉRE

Ces vers, Jacques les entendait vibrer encore lorsqu’ils atterrirent à San Francesco del Déserto. De loin Jacques en avait deviné la sérénité intense, la douceur plus qu’humaine. Une passe où se reflétaient les hauts cyprès, sveltes comme des cierges, ouvrait à la lagune un golfe dans le gazon vert. Le mur du cloître, avec une vieille croix de fer venait un peu plus loin descendre jusqu’à l’eau. En face d’eux un pré. Dans ce pré un long sentier qui tournait l’ile, un sentier bordé toujours de ces cyprès hauts et bleus. Un crucifix à l’entrée semblait protéger à la fois la terre et la mer de ses bras pardonnants. Le sentier, coupé à sa moitié par une haie de mimosa, se prolongeait plus loin, dans le jardin des moines. Un pauvre petit clocher bas, en briques décolorées mais si joli près de ces arbres, était à genoux par terre comme un pénitent en capuce. L’entrée, sous un atrium blanc s’ouvrait à côté du clocher. Jacques et Ninette, émus par la solitude et la tran-