Aller au contenu

Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

encore, et parfois, se posaient sur les pieux avec un cri aigu. Jacques se souvint d’un décor pareil dans une gravure représentant les énervés de Jumièges, ces amants qu’un roi jaloux avait écorchés vifs et qui descendaient sanglants une rivière abandonnée… Jacques se souvint et de nouveau caressa Ninette, et il n’eut pas la force de la contredire. Il s’était mis à ses pieds, son jeune corps étendu au fond de la gondole, la tête entre les genoux de la bien-aimée. Par intervalles, la main de Ninette frôlait son visage, jouait dans ses cheveux. La cadence mouillée des rames bruissait comme de la soie. Les herbes que l’on traversait frôlaient la barque longuement. Et le silence, ce dominateur des poèmes, descendait sur eux tel qu’une rosée…

…Nos pas nous mènerons jusqu’au bord du rivage Nous y regarderons mourir la grande mer Et moi, j’écouterai en rythmes doux et clairs Monter jusqu’à mon cœur l’amour de ton visage !..