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LA PRIÉRE

et des images bienheureuses entourées de bouquets. Ici la mer morte, la lagune grise, sans profondeur comme le sable, enlisante comme le sable. Jamais de tempête, jamais de vagues, toujours cet aspect de désolation tranquille et funèbre. Et Jacques, parmi le silence, évoquait la bien-aimée. Les paroles qu’elle avait dites, et celles dont frémissaient ses lèvres, et les gestes qu’elle avait fait, et ceux dont elle retiendrait son âme prisonnière : Contarinetta. Oh ! ses yeux, ses pauvres jolis yeux, eux aussi dans le désert ! Eloignés des astres, cloîtrés loin des lumières. Oh ! pour elle, un miracle des oiseaux, un miracle pour ses beaux yeux ! Et s’ils n’allaient jamais guérir ? S’ils demeuraient pareils aux pierres de ce cimetière, des tombes sans dates, des regards sans souvenirs ? Que faire, que dire ? On ne peut pas toujours aimer la mort. Lorsqu’on aime, il est doux de voir un reflet de soi-même trembler dans les prunelles de l’amante. Il semble que les baisers à la lon-