qui la lie à son enfant. Lorsque l’enfant est loin, la femme a peur, la mère craint. Et l’on ne s’aperçoit de ces craintes délicieuses que trop tard. La crainte pour les absents est une telle preuve d’amour Il n’avait parlé qu’en termes effacés de sa rencontre avec la jeune fille, de ses sentiments, de ses rêves. Sa mère ne savait pas les promenades où Contarinetta et Jacques avaient mêlé leurs âmes avec leurs caresses. Les lentes heures sur l’eau, les minutes d’extase, les étreintes si chastes, si enfantines, elle ne savait pas, elle qui aurait pu guider, elle qui aurait pu comprendre, elle qui aurait pu consoler… Il lui écrirait avant de partir à Florence une lettre pleine de reconnaissance et de mélancolie : « Maman, toi, tu m’aimeras toujours ! » La phrase palpitante de Ninette lui revint en mémoire « N’est-ce pas, Grand-Père, toi, tu m’aimeras toujours ? » Ainsi leurs jeunesses demeureraient pensives dans l’unique étreinte de la famille. Les seuls baisers du monde
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LE RENDEZ-VOUS AU CLOITRE