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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

pièce solennelle au plafond sculpté, des chrysanthèmes jaillissent d’un vase de cristal. Des chrysanthèmes tourmentés et violents comme des astres. Et pareils aux dragons des vieilles histoire on dirait qu’ils gardent l’enfant dans son sommeil. Il y en a des jaunes, plus éclatants que le soleil, et de rougeâtres qui paraissent être des blessures mal cicatrisées. Et puis, à côté, des corolles aux teintes maladives, de ces fleurs bizarres qui déroutent et qui exaspèrent. ces chrysanthèmes jaillissent d’un vase de cristal. Et c’est par toute la pièce un parfum pénétrant, presque amer, une senteur d’automne et de cimetière, un arome de mélancolie

À travers la cloison, des sons de gavotte arrivent. Le marquis joue de l’épinette. L’air trottine et fuit, si discret, si charmant ! Et le vieux palais rajeuni bombe sa façade, ventrue comme une commode Louis XV. Les glaces brillent, les dattes se font plus douces à la danse, et dans une vision étincelante et jolie