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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/247

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L’HEURE DU BERGER

voilà des gens d’autrefois, belles manières de cour, révérences en dentelles qui ressuscitent à la gavotte de grand’père. Oh, les cliquetis d’épées, les pichenettes sur les jabots, les œillades et les mouches ! Mélangé à la senteur des chrysanthèmes, un rien flotte, un rien de poudre à la maréchale.

Et Ninette a entr’ouvert les yeux.

Grand-père, qui entre, est très embarrassé, car il y a la potion à prendre et le sommeil à respecter. Comme l’a dit le docteur, elle a tant besoin de repos, la chérie. Il faut qu’elle ne pense à rien et qu’elle s’étende et qu’elle attende la fin du mal. Plus tard la vie recommencera, telle qu’avant, jolie et rieuse. On ira encore en gondole par les beaux soirs de juin écouter les concerts donnés près du Lide et suivre la sérénade jusqu’au Rialto. Crand-père soupire. Ninetto ne bouge pas. Alors, grand-père soupire plus fort, très fort, car en même temps qu’il désire éveiller l’enfant, il se souvient de