Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
NOTRE-DAME DES MERS MORTES

La nuit a fait la chambre bleue ; les objets disparaissent dans l’ombre et les choses familières ont des aspects terribles et sauvages. L’heure des enchantements. Il n’y a plus qu’une petite étoile, juste au-dessus d’un toit qui regarde et qui cligne. Les murmures du vieux palais s’apaisent, l’épinette du Marquis, l’épinette elle-même, se change en grignotis de souris…

Pourquoi la fenêtre s’ouvre-t-elle ? Est-ce Grand Père ? Est-ce Noël ? Noël est loin, Grand Père aussi. Alors, c’est le vent qui pour jouer un tour entre en sifflottant. Oui, mais Ninette, Ninette, la poitrine de Ninette ? Le vent n’en a-t-il cure ? Grand Père, venez fermer la croisée, dépêchez-vous, sans quoi Ninette va tousser. Diable, et la gavotte ? Ninette tousse, tousse et la bise glace. Voilà qu’elle remue, la petite, qu’elle découvre son épaule. Gare aux hommes noirs. Ninette tousse. En haut, l’étoile au ras du toit est devenue mélancolique. Sa lumière