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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/298

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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

sonore comme ses lèvres, grisante comme ses baisers. Que tes étoiles étincellent, pareilles aux flammes d’un sanctuaire et que la brume monte des lagunes tel qu’un encens mélancolique. Immensité déserte, océanides silencieuses, îles éparses qui semblent des épaves, ambres magiciennes, colonnes, statues, nef prodigieuse, cathédrale entre les cathédrales où la prière se mêle à l’accent sauvage des marées. Ô Notre-Dame des Mers ! Ninette va mourir !

Dans le calme de la chambre, dans ce calme déjà d’au-delà, où l’on dirait que des âmes frissonnent, un bruit léger a retenti, un bruit mouillé comme une caresse d’amour. C’est, en bas, sur le canal, une gondole qui accoste peut-être. La nuit est sonore, et les rames dans l’eau ont l’air de pleurer, elles aussi. Une clochette tinte et des voix parviennent confusément. Jacques, les mains unies à celles de la jeune fille pour lui communiquer la chaleur de ses veines, le philtre de la vie, Jacques entend ces