Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
285
LÉVRES CLOSES

déchirer les cœurs. C’est dur de mourir à quinze ans. On commence à peine ; on espère, on s’éveille comme un ruisseau dans la mousse, comme la brise dans les bois. Quinze ans ! quinze ans ! Vérone, ô sœur de Venise par la poésie immense du passé, ô Vérone liliale, entr’ouvre tes sépulcres, penche sur tes tombeaux tes arbres en fleurs. Pétales, corolles, duvets, ailes, que ce soit une moisson d’ivresse. Il faut bercer des cadavres d’enfants. Du reste, n’ont-ils pas l’air de dormir ? Après Juliette, Ninette, Ninette aveugle avait des yeux plus beaux. Pleurez Séraphins dont le sourire est aux madones, Ninette va mourir…

Que dans un arpège mystérieux et tendre vous chantiez ce qui la fit si belle, et que vos voix retrouvent le charme de ses gestes. Elle était la musique des musiques, et les vagues ne furent pas plus souples qu’elle.

Et toi, nuit vénitienne, nuit déjà d’Orient par

la pureté du ciel et la splendeur des astres, sois

25