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NOTRE-DAME DES MERS MORTES

yeux. Viens, parlons encore, la musique est pareille ! Demain, toujours, les serments d’ivresse, les serments d’espoir, les lilas qu’on respire, les fruits que l’on cueille, la rosée sur les branches, je les sens contenus dans ton cœur. Laisse-moi écouter ton sourire, Juliette, Juliette penchée sur le balcon blanc ! L’alouette chante… il faut partir… Non, ce n’est pas l’alouette, c’est un enfant qui s’éveille, une fleur qui s’entrouvre, une feuille qui tombe. C’est mon âme qui tremble quand je te regarde, ce sont mes prières qui frémissent vers toi. Et l’heure est si douce, si propice à l’adoration, que lorsque la nuit emporte mes paroles, après toi, elles vont vers Dieu ! L’alouette chante et le ciel s’entrouvre. L’aurore a l’air d’un drapeau clair… Il faut partir… Mais, ce n’est pas l’aurore et ce n’est pas l’alouette. Voici au fond des bois une lumière, et cette lumière vacille comme un homme qui marche. On appelle, mais ce sont des cantiques. Oui, oui,