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LE DERNIER SOIR

Juliette il faut partir, car c’est la tombe qu’on creuse, pourlorsque les tempes sailleront et que tes yeux ne verront plus, pour lorsque ton nez diaphane sera sans souffle, que tes lèvres raidies auront baisé la mort… Alors, oh ! mon bien-aimé, demeure et chante. Par une nuit pareille, j’avais songé m’etendre avec des bijoux et des pertes, svelte dans un costume blanc… O Juliette, il faut partir, partir en blanc costume avec des bijoux et des perles, ton sourire et ton regard ! Mais, jamais plus tu ne reviendras.. jamais plus ! D’un seul de tes baisers je voudrais bien mourir…

Chantez les violes, pleurez les luths, et que près des étoiles les anges voient avec un son mélodieux. La poésie dont la terre se console plane ce soir sur un tombeau. Ville d’azur et de pourpre, ville du Titien et ville de Ziem : o Venise, oublie les apothéoses où le soleil te couronne comme une reine somptueuse, comme la moisson non pareille de la beauté. Oublie