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LE DERNIER SOIR

Ainsi, il atteignit la nuit. La nuit d’automne, frissonnante et solitaire. Depuis son retour affolé du palais, hier, Jacques s’était cloîtré dans sa chambre, sans en vouloir bouger, sans en vouloir sortir.

Cependant les appels se rapprochent et Jacques, brisé, distingue, de l’endroit où il s’est assis, des gens qui viennent, des gens qui passent. À côté de lui, dans les chambres voisines, on remue, on ouvre les fenêtres… Qu’est-ce qu’il y a…

Sur le grand canal que la tempête couvre d’écume, atroce et lamentable, un convoi funèbre, blanc, il est tout blanc… c’est elle ! Les yeux fixes, agrandis d’épouvante, il regarde. Personne ne lui a dit… on n’a pas voulu qu’il vienne… lui, l’amant. Non, lui, l’assassin !… Il pleure.. La nuit n’a pas de clarté, alors on voit à peine. Les éclairs jaillissent. D’ici, on dirait sur l’eau une moisson d’étoiles. Voici les cierges et les lanternes que les pénitents tiennent… Une