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Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/327

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LE DERNIER SOIR

sont tous venus pour mieux te rejoindre, pour mieux te montrer ta tombe. En as-tu des doges et des amiraux, des pages et des condottieri ! Tout le Bellini des fresques… ouvre ton suaire pour les recevoir, prépare ton sourire. Voici l’apothéose… Miracle ! le cercueil apparaît lumineux sous les crêpes, translucide aux éclairs,.. Jacques, mon bien-aimé… Je t’attendais… Je savais que tu allais venir. Nous allons célébrer nos fiançailles. Vois, regarde comme la ville est belle, comme la nuit est puissante, comme le vent est profond ! Pas d’étoiles, la foudre. Et puis des cierges pour voir nos baisers. Le monde entier nous suit parce que nous sommes l’enthousiasme et que nous sommes l’idéal. Jamais tu n’as rêvé d’aventure pareille… Jacques mon bien-aimé !

Au fond de son cercueil d’aurore elle regarde, surhumainement belle. La tempête, c’est la musique d’amour qui va les endormir… Liéven enjambe la fenêtre et tend les bras…