Page:Adelsward-Fersen - Notre-Dame des mers mortes (Venise).djvu/82

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tarini, elle ne l’avait guère connu qu’en entendant, à cause de lui, pleurer sa mère. Pauvre mère, née en France, mariée à ce débauché et à ce joueur parce que les parents voulaient qu’elle fut princesse !

La Contarinetta se souvenait alors qu’elle était toute petite de scènes terribles, de poings levés, de jurons effroyables. Et la princesse, qu’elle, l’enfant, rappelait beaucoup, ne répondait jamais rien, préoccupée de l’avenir de sa fille, soignant ces pauvres grands yeux dont la lumière s’enfuyait. Car la Contarinetta n’était pas aveugle de naissance. Elle avait autrefois vu comme c’est beau, le soleil ! Seulement quand on lui parlait de son enfance et de son accident, elle détournait la phrase, ne voulant pas rendre les autres tristes de cet enlisement… de l’agonie de ses prunelles.

Elle avait vu sa mère lutter tant qu’elle avait pu, chercher à ramener au devoir le prince toujours plus méchant, toujours plus toqué.