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LE PALAIS LABIA

Cependant la fortune du couple s’ébrèchait. La dot de la princesse fut mangée comme le reste. Alors, ou commença les ventes. Ce fut d’abord sur le lac de Come, une villa merveilleuse, toute en marbre gris et rose que les Contarini possédaient depuis trois siècles. Cette villa était formée d’une seule arche immense comme une arche triomphale, bâtie sur un promontoir d’où l’on voyait à droite et à gauche le lac luire en pleine clarté. Sous cette arche qu’ombrageait des jasmins très vieux, grimpés après la colonnade, la Contarinetta se rappelait de dîners embaumés, avec des musiques lointaines, des femmes splendidement belles… au temps où sa maman souriait, on le prince n’était pas encore ce qu’il allait devenir. De chaque côté, les ailes contenaient des chambres hautes et claires, sentant bon l’autrefois, sentant bon les aïeux. Des salons en enfilade toujours en marbre, où des rois avaient passé. Et puis une bibliothèque extraordinaire, remplie