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LE PALAIS LABIA

Le jardinier qui d’abord avait été au service du prince et qui était reste fidèle a la maison se trouvait maintenant le seul hôte de la villa silencieuse, le seul gardien de ce jardin abandonné. Il le soignait, parait-il, avec des attentions merveilleuses et délicates. Vieux Lombard, sceptique comme ceux de sa génération qui avaient vu passer et repasser, naître et disparaitre tant de régimes, tant de maitres, il n’avait qu’un fétiche. Les Contarini. Pour lui, ce nom-là, c’était le bon Dieu. Il était persuadé qu’un jour ou l’autre ils chasseraient l’Américaine, cette Barbare, et qu’ils reviendraient habiter leur domaine en fleurs.

L’année d’avant sa mort, la princesse passant d’aventure par Côme eut le désir de revoir les lieux où s’étaient écoulés de rares bonheurs perdus. Le jardinier lui fit une réception touchante. Il était désespéré de ne pas pouvoir lui ouvrir toutes les salles, de ne pas faire entrer le soleil avec elle : on lui avait retiré les clefs,

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