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L’AVIATION MILITAIRE

ver. Que d’événements il pourra se passer, dans les temps futurs, par-dessus le brouillard de cette mer intérieure qui a nom : canal de Saint-Georges !

Ensuite, l’Angleterre possède les îles normandes : les occupera-t-elle aériennement ? elles sont bien près de la France, elles touchent presque nos côtes ! Y établira-t-elle des aires avec armée aviatrice ? de crainte, ou sous prétexte, que depuis le cap il ne se dirige quelque ennemi envahisseur sur les comtés de Cornouailles ou du pays de Galles ; même vers l’Irlande par la ligne aérienne : Cherbourg–Cornwall–Munster ? Les Anglais savent que ces distances ne sont pas très considérables : du continent en Irlande 450 kilomètres, et jusqu’à Plymouth 160 seulement.

Nous sommes allé au devant de complications possibles, afin que la France, avertie, se tienne sur ses gardes, tout en restant correcte vis-à-vis de l’Angleterre, et pensant que c’était le plus sûr moyen de conserver son amitié.

L’ALLEMAGNE

Cherchons, maintenant, à savoir ce que fera l’Allemagne. Elle est trop figée dans sa nation armée ; sa confiance dans ses massifs régiments est trop absolue, pour qu’elle sorte imprudemment de son organisation militaire actuelle, sans y être obligée et entraînée par les armements nouveaux des puissances ses rivales. Il est infiniment probable que l’Allemagne n’aurait jamais surpris la France par l’innovation d’une armée aérienne. Pour toutes ces raisons, si nous avions eu une grande avance — elle aurait pu être, au moins, de dix ans, — nous l’aurions certainement gardée très longtemps. Quelle différence, à présent ! Nous ne pouvons envisager, sans frémir, une situation inverse !

Pour que les idées des Allemands se modifient, il suffira qu’ils s’aperçoivent que : le Rhin, leur plus puissante barrière défensive, n’existe plus. Alors, tout étant à refaire, ils le referont. Là et partout.