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STRATÉGIE AVIATRICE

Sans bruit, méthodiquement, avec sa ténacité tudesque, mettant à profit l’intelligence de ses nationaux, utilisant sans scrupules tout ce que l’espionnage lui apportera, l’Allemagne transformera complètement son armement. De terrestre il deviendra essentiellement aérien. Ce sera, pour ses voisins, un autre danger qui se préparera.

Nous ne pouvons pas exposer, ici, tout ce que nous pensons relativement à la part de ce danger qui menace particulièrement la France et qui lui est réservé, si elle reste dans une coupable indifférence ; nous craindrions d’être taxé de prophète de malheur. Nous signalerons seulement trois grandes considérations stratégiques aériennes, desquelles découlent toutes les autres.

Berlin est très loin de Paris et de Londres ; sur ces deux capitales, par sa position d’inaccessibilité relative, il possède aériennement un avantage immense. Sans doute, il n’y a dans cette affirmation rien d’absolu ; mais que de batailles aériennes il faudrait livrer, que d’aires fortifiées seraient à réduire avant d’arriver jusque-là !

La ligne du Rhin, avec ses formidables places fortes : Cologne, Coblentz, Mayence, Strasbourg et celles intermédiaires qui jalonnent le fleuve, reprendra son importance perdue, par la multitude d’aires qui y seront édifiées ; à n’en pas douter, elles seront toutes situées sur la rive droite, très rapprochées les unes des autres. Les machines aériennes qu’elles contiendront seront toujours prêtes à s’envoler pour des raids dévastateurs. Ce sera, conséquemment, à notre frontière un qui-vive perpétuel.

Pour comble, Metz, cette terrible dent mordant notre territoire depuis le traité de Francfort, les Allemands s’appliqueront à la rendre plus menaçante, plus dangereuse encore, en y organisant d’immenses aires retranchées, renfermant d’innombrables engins volants armés qui, au premier signal, avieront sur Paris et y seront rendus en deux heures ! Metz sera le lourd marteau constamment levé sur nos têtes, auquel nous faisions allusion lorsque nous placions l’enclume de l’autre côté de