Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/107

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

agréable de l’esprit. Les contradictions des auteurs qui l’avaient fait souffrir au point de lui donner le sentiment de son propre néant, lui apparaissaient maintenant comme des formes différentes d’une immuable vérité. Amoureux de sa femme, il avait de l’indulgence pour tout ce qui était étranger à son amour. Le fait d’avoir invité Goha en même temps que Waddah-Alyçum était une claire indication de son état d’âme. Il voulait par la présence du simple atténuer le caractère austère de ses travaux et il avait soin d’interrompre les discussions les plus graves pour questionner Goha sur des sujets futiles.

Il s’aperçut un jour que le décor sévère du Salamlek était un obstacle à ses besoins d’intimité et il prit ses dispositions pour recevoir ses amis dans la bibliothèque qui se trouvait au premier étage du bâtiment principal.

On y avait accès par un perron de quinze marches qui débouchait dans une salle immense couverte de tapis persans. Les murs étaient ornés d’arabesques d’or et de maximes coraniques. Les solives sculptées du plafond étaient serties d’agates. Au fond, un large escalier de marbre aboutissait à l’antichambre du premier étage. Elle était divisée par une cloison en bois de noyer, ouvrée à la manière des moucharabiehs. D’un côté était le harem, comprenant les appartements de Nour-el-Eïn et de Mabrouka, de l’autre côté se trouvait la bibliothèque.

C’était là que se renouvelaient les entretiens entre les trois hommes. Alyçum se distinguait