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IX

derrière les moucharabiehs


La vieille Mirmah, esclave de Nour-el-Eïn, était assise dans l’antichambre du premier étage. Elle achevait de trier le blé que Cheik-el-Zaki faisait moudre chaque mois pour les besoins de la maison. Déjà la cuisinière avait refusé de préparer des gâteaux de dattes, sous prétexte qu’elle manquait de farine.

— Pas de farine ! grommelait la vieille Mirmah en puisant dans un sac une poignée de grains. C’est bon pour les Roumis ! Mais qu’un pieux musulman comme Cheik-el-Zaki manque de farine !… Non, non, ça ne doit pas être ! »

Elle faisait glisser dans un plateau les grains qu’elle soumettait à un examen attentif et rejetait dans une bassine, les pailles et les cailloux restés dans le fond de sa main.

— Et Nour-el-Eïn, dit-elle d’une voix attendrie,