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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

Tu es le bienvenu dans ma maison… Tu es le bienvenu partout où se pose ton joli pied…

Au milieu de l’auditoire imaginaire qu’il avait créé spécialement pour animer sa discussion, Goha se dirigea vers la maison de Cheik-el-Zaki. Cérémonieusement, il fit passer devant lui, sous le porche monumental, ses compagnons invisibles.

— Tiens ! observa Mirmah, on laisse monter le fils de Mahmoud…

— Tu as de bons yeux pour ton âge, répondit Nour-el-Eïn méchamment.

Elle enserra son écharpe autour d’elle pour bien ramasser son corps que le désir tourmentait. Elle gagna l’antichambre. La tête, les épaules, les jambes de Goha émergèrent. Ses babouches claquèrent sur les dalles du palier, puis il disparut derrière la tenture de velours, broché d’or, qui masquait la bibliothèque.

Nour-el-Eïn poussa la porte de la cloison, traversa l’antichambre, souleva la lourde tenture. Goha, debout contre la fenêtre, tourna vers elle un visage curieux et tendre. Alors, riant aux éclats, les cheveux en désordre, elle se jeta dans ses bras.


Cheik-el-Zaki parut à l’embrasure de la porte. Goha était étendu sur le divan. Depuis longtemps déjà Nour-el-Eïn l’avait quitté. Il était assailli de visions étranges et sa poitrine était emplie de sentiments doux.

Surpris de le trouver là, Cheik-el-Zaki lui dit avec une certaine dureté :