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XVII

une amitié


Sur la route, il aperçut une tache allongée. C’était son ombre qu’il remarquait pour la première fois. Il s’avança, l’ombre le précéda. Il s’agenouilla, l’ombre se ramassa sur elle-même. Il frôla la terre d’un geste rapide, mais il dut retirer sa main vivement : un bras au-dessous du sien s’était étendu sur le sol. Goha terrifié ne perdit pas contenance. Il réfléchit à ce qu’il devait faire, car dès la première minute il avait compris que cette forme était celle d’un génie familier de la cheika qu’elle avait jeté à sa poursuite.

— Retourne, balbutia-t-il, retourne chez elle.

Contrefaisant ses gestes, l’ombre s’agita en des pantomimes hideuses. « Elle refuse, pensa Goha. La cheika veut se venger parce que je l’ai frappée ! ». Il entreprit de convaincre le génie et poliment lui parla :

— Écoute, Ô Toi dont je ne connais pas le