— Bien, Hawa.
— Peu à peu tu deviendras un homme.
— Oui, Hawa.
Un rayon de lune passait à travers la fenêtre grillée. Sur le parquet s’allongeait une tache sombre. Goha la regarda curieusement et il s’absorba dans de vagues souvenirs.
Hawa se leva et entra dans la cuisine pour empaqueter ses chiffons épars. Elle revint, se planta coquettement devant Goha.
— Comme tu es méchant, Sidi, murmura-t-elle ; tu n’as pas vu ma gallabieh ?
— J’ai vu ta gallabieh, Hawa, elle est très jolie.
— Regarde, Sidi, regarde… Tu ne m’as pas dit de la porter et de l’user dans la joie…
— Porte-la et use-la dans la joie, Hawa.
Goha se dirigea vers la porte du jardin et l’ouvrit. Hawa qui préparait sa natte pour se coucher et qui se disposait à se dévêtir, l’interrogea :
— Où vas-tu, Goha ?
— Je sors…
Légèrement contrariée, elle n’en laissa rien paraître. Zeinab lui avait souvent répété qu’une femme pour conserver l’amour d’un homme devait se faire soumise et discrète.
— Bien, Sidi, sors… Ne tarde pas, Sidi…
— Que ta nuit soit heureuse, Hawa.
— Prends la clef, Sidi. Quand tu reviendras ne me réveille pas et tire les verrous…