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XIX

la première nuit


Goha se dirigea rapidement vers le désert. Le ciel était lumineux ; la lune aux contours nets répandait sur la ville et sur les bancs de sable une clarté limpide, sans vibrations, sans jeu d’atomes. Parfois une fine brise, étourdissante et directe, glissait dans l’atmosphère comme à travers une fissure.

Goha prit une venelle que pailletaient des débris de verre et de faïence. À son approche, des oiseaux de nuit s’envolaient, décrivant mollement une courbe dans l’espace. Parfois il longeait une clôture en ruine, puis des deux côtés du chemin c’était de nouveau des plaines de sable où de loin en loin surgissait, isolé, le dôme d’une turbé.

Une colline obstruait l’horizon. Goha en gravit la pente. Sur le sommet, il s’arrêta. À sa droite s’étendait une ville blanche, silencieuse et déserte :