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XXI

l’aube d’un sentiment


Au lieu de courir à la fontaine, Goha resta au lit, les jambes allongées, les bras pendants. Forcées par le soleil qui inondait la chambre, ses paupières s’étaient ouvertes, et la lassitude que lui laissait son sommeil écourté, prolongeait sous une forme adoucie sa fatigue de la veille, prolongeait aussi sa nuit d’amour, le rendant incapable de se replier sur lui-même et de se souvenir.

Hawa vint l’avertir qu’il était temps de se lever, car il devait, aussitôt après ses ablutions et sa prière du matin, charger son âne et recevoir les ordres de son père. La négresse était joyeuse. Goha allait gagner sa vie, l’avenir était assuré. C’était d’ailleurs sur les instances de Hawa que Hadj Mahmoud avait consenti à prêter à son fils, comme fonds de commerce, dix sacs de fèves et un vieil âne pour les porter.