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Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/240

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pointaient sous l’étoffe, leurs petits pieds nus se serraient l’un contre l’autre. L’une d’elles fit un geste.

— C’est pour nous, cria-t-elle, c’est pour nous le corbeau ?

Les trois femmes riaient. Goha s’avança vers elles en riant aussi et sachant l’usage qu’elles feraient de l’oiseau :

— Le sang n’a pas coulé, dit-il, vous pourrez toutes les trois vous laver le pubis.

— Alors tu nous le donnes ?

— Prends-le. Mais le duvet te poussera quand même !

La fellaha vêtue de bleu lui prit le corbeau des mains. Goha la pria de lui donner à boire. Elle entra dans la cabane, revint et lui tendit une gargoulette égueulée, toute humide, et des gouttes d’eau fraîche lui tombèrent sur les pieds.

Quand Goha fut de nouveau sur la route, sous le soleil brûlant, il regretta l’îlot de verdure qu’il laissait derrière lui. Ses vêtements collaient à sa peau, il ressentait à ses paupières une douleur cuisante.

À mesure que s’accentuait ce malaise, il perdait sa tranquillité morale. Il se rappela avec effroi les devoirs de sa charge, les recommandations sévères de Mahmoud. Brusquement en arrêt, il cria :

— Des fèves ! des fèves !

Une fois, deux fois, il répéta son cri. L’âne trottait devant lui ; il reprit sa marche. La route qui se déroulait à travers champs était absolument