Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/282

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— La truie va nier ! cria soudain Hawa d’une voix rageuse qui fit sursauter tout le monde.

La cuisinière, qui parlait peu, lui répondit avec un fort accent soudanais :

— Il ne sera pas assez innocent pour la croire…

Mahmoud, agacé, cria :

— Que nous importe, ce qui se passe à côté ? Nous avons agi comme il fallait agir, nous n’avons plus qu’à attendre.

— Ma mère ! protesta Zeinab à qui son état permettait certaines privautés… Il veut nous empêcher de parler… Est-ce que nous avons autre chose à faire ?

Elle ne reçut pas de réponse et, bientôt, les pensées furent toutes absorbées par le mystère de la maison voisine. Par la fenêtre entraient, avec les cris de la rue, des lueurs vertes et rouges.

— J’entends le marchand de melons, dit Mahmoud. Est-ce qu’il en reste ?

— Nous en avons encore quarante-huit, Sidi, répondit la cuisinière.

Hellal eut un long bâillement. Nassime la poussa du coude et la regarda du coin de l’œil, en souriant. À ce signe d’intelligence, Hellal se pencha de côté et, tout bas, glissa un mot dans l’oreille de Nassime. Zeinab et Hawa les fixèrent d’un regard interrogateur. Enfin Hawa se leva et vint se mêler à la conversation qui se poursuivit en murmures et en rires étouffés. Zeinab, qui ne pouvait se lever, appela Hawa du geste et fut aussitôt parmi les causeuses. Elle confiait ce qu’elle avait à dire à son esclave qui le transmettait aux autres