Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/294

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Comme il ne bougeait pas, elles se levèrent et reprirent la route. Elles entrèrent dans Boulaq, longèrent la rive du Nil. D’une petite dahabieh amarrée, trois bateliers débarquaient de la poterie.

— Nous arrivons, balbutia Amina.

Nour-el-Eïn, pour ne point tomber, s’accrocha à son épaule. On apercevait à deux cents pas un mur haut et gris. Nour-el-Eïn se mit la main sur les yeux pour ne rien voir. Amina poussa des cris de détresse. La grille de la propriété s’ouvrit et deux hommes, le portier et l’eunuque, vinrent en courant au-devant des femmes. Elles ne répondirent pas aux questions qu’on leur posait et franchirent la grille en se donnant des coups sur la tête.

Goha suivait toujours, de plus en plus intrigué. La grille n’avait pas été refermée. Les femmes, le portier, l’eunuque se dirigeaient vers la palais délabré qui se dressait au milieu d’un vaste terrain. Blanc autrefois, le khamsin l’avait depuis longtemps recouvert d’une couche de poussière. Les fenêtres étaient closes. On eût dit une sépulture abandonnée. Ce qui jadis avait été le jardin, était maintenant un espace aride, malgré la proximité du fleuve. Seul un figuier de banian vivait parmi les végétations mortes.

La porte de la maison s’était ouverte. Yasmine, Amina, Mirmah, pleurant, criant se tirant les cheveux, entrèrent. Nour-el-Eïn hésitait. L’eunuque la soutenait, le portier l’engageait à franchir le seuil. Elle entra à son tour.

À ce moment, Goha tressaillit. Comme elle