et la fixait de ses grandes prunelles mornes, mais elle ne bougea pas. Goha la heurta du pied.
— Regarde, j’ai pissé sur toi, dit-il d’une voix sourde.
Elle ne comprit pas tout d’abord, se mit sur son séant et c’est alors qu’elle s’aperçut que ses vêtements étaient trempés.
— Qu’est-ce que c’est ? cria-t-elle. Je suis toute mouillée !
— J’ai pissé sur toi, répéta Goha.
— Qu’est-ce que tu dis, fils de catin ? Tu as pissé sur moi ?
— J’ai pissé sur toi.
Mais Goha avait beau répéter sa phrase, la femme était trop interloquée pour comprendre.
— Que t’ai-je fait, fils de catin ? cria-t-elle… Explique-moi. Je ne te connais pas et tu ne me connais pas. Je dormais tranquillement et tu es venu pisser sur moi. Pourquoi, je te prie, as-tu pissé sur moi ? Pourquoi, fils de catin ? Pourquoi ?
Et à chaque interrogation, sa stupeur grandissait. Lorsque de loin Goha se retourna, la femme en qui la lumière s’était faite enfin, le poing tendu vers lui, hurlait des injures.
Il accéléra le pas. Les yeux baissés, il suivait le mouvement saccadé de ses pieds qui sortaient de sous son caftan et couraient l’un devant l’autre. L’acte qu’il venait de commettre, il le considérait non plus avec la stupidité qui le lui avait inspiré, mais d’un esprit lucide et il balbutia : « Tant mieux ! » Tout ce que les hommes lui avaient fait endurer d’injures, de sarcasmes, tout ce que les évé-