XXXVI
l’expiation
Goha marchait. Et tandis que le jour déclinait il lui semblait qu’il gravissait une pente. Il foulait des nuages et s’enfonçait dans l’azur. Ah ! que de chemin parcouru ! La ville et les hommes n’étaient plus qu’un souvenir. Devant lui, c’étaient des étoiles effarées aux longs cheveux de lumière, des cercles bleus dans un abîme bleu. « Dieu seul est Dieu, murmura-t-il, et Mahomet est l’envoyé de Dieu !… Dans une heure, je passerai par un des petits trous que je vois dans le ciel, et je m’endormirai sous un arbre… »
Cependant ses babouches s’agglutinaient à la boue qui ce jour-là était abondante dans les rues d’El-Kaïra. Ses vêtements en loques et la touffe de cheveux noirs qui s’érigeait sur son crâne lui donnaient l’aspect d’un forcené : « Je m’endormirai sous un arbre, reprit-il, et je prendrai la