Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/378

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— Je n’ai encore rien vu, protesta Mabrouka en se penchant au dehors.

Elle regarda. Quand elle eut bien regardé, elle jeta un cri pudique et se couvrit le visage des deux mains.

— Mon Dieu ! un homme nu ! Tu n’aurais pas dû me laisser voir, mon chéri…

— Je savais que le spectacle t’offusquerait, dit El-Zaki.

Ses paupières clignotaient. Il était content de sa Mabrouka, il était ému de tant de candeur. Mabrouka aussi était émue de le voir satisfait d’elle. Ils se sourirent l’un à l’autre tendrement confiants. On eût dit que leur amour venait de subir une épreuve et qu’il en sortait fortifié. Par moments, il est vrai, Mabrouka jetait un regard furtif dans la cour, mais à chaque fois, elle se serrait plus amoureusement contre son mari qui lui caressait les épaules qu’elle avait blanches et grasses.

— Qu’il aille chez son père, dit-elle, qu’il aille où il voudra, ce coureur de filles…

— Qui ? qui ? demanda Cheik-el-Zaki subitement inquiet. Est-ce que tu connais cet homme ?

— Tu ne l’as pas reconnu ?

— Non.

— Le fils de notre voisin…

— Goha… souffla-t-il.

En proie à une vive agitation, il se mit à marcher en long et en large, les sourcils froncés. Soudain il s’écria :