Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/400

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lala. Honneur des Riazy ! Messager de la Providence ! Tu es la perle parmi les perles ! Et maintenant, viens… On nous attend !

Warda avait passé la nuit chez Nazli-Hanem, veuve et unique héritière du puissant mamelouk Ibrahim Bey. À l’aube, elle avait été réveillée par des plaintes.

— Oh ! d’où est-il sorti cet homme ? gémissait Nazli-Hanem. Et qui est-ce qui a envoyé cet homme sous ma fenêtre ? Est-ce qu’on ne sait pas que je suis veuve et privée depuis seize mois ? Je vous prie, dites-moi qui est cet homme ?… Qu’il s’en aille ou bien qu’il monte, cet homme ! Qu’il monte ou qu’il s’en aille au diable, cet homme !

Et Nazli-Hanem qui regardait dans la rue à travers la moucharabieh tirait ses joues encadrées de cheveux blonds.

— Warda, ma tante, regarde… Des gens sans pitié ont envoyé un homme nu sous ma fenêtre…

— Calme-toi, mon doux pigeon, avait répondu la dallala. Cet homme, je le connais. Il est d’une bonne famille, il est beau, il est sain. S’il te plaît, tu n’as qu’à me le dire…

Warda était descendue en toute hâte, mais Goha était déjà loin. Elle l’avait appelé en vain, avait couru sans l’atteindre jusqu’à la maison de Cheik-el-Zaki. Comme elle était tenace et qu’elle voulait le bonheur de Nazli et le bonheur de Goha, elle attendit patiemment, accroupie sur la chaussée.

Goha se trouva soudain dans une petite galerie voûtée qu’éclairait une lanterne. L’entremetteuse fit tomber sa mellaïa et poussa une zaglouta stridente.