Page:Ades - Josipovici - Mirbeau - Le Livre de Goha le Simple.djvu/401

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oh ! Oh ! protesta Goha… Tu m’as troué les oreilles !

— Prends l’escalier qui est devant toi, dit Warda.

Elle le poussa en avant et se mit à crier :

— Où êtes-vous, mes sœurs ?… Accourez toutes. Je vous ramène le fiancé !

Alors il se fit sur la tête de Goha un vacarme indescriptible. On entendit des meubles tomber, des gens courir, des femmes s’interpeller. Goha, impressionné, balbutia :

— Laisse-moi, laisse-moi m’en aller…

— Il veut s’en aller ! Il dit qu’il veut s’en aller ! hurla l’entremetteuse qui retenait Goha de toutes ses forces… Allah Allah ! accourez, mes sœurs ! Il va m’échapper !

Une vague de lumière envahit le palier supérieur. Sept ou huit femmes apparurent à peine vêtues, avec des visages blancs, noirs ou cuivrés, avec des têtes crépues ou des cheveux pendant sur les épaules. Elles portaient, qui une chandelle, qui une veilleuse et toutes riaient et parlaient ensemble.

Hissé sur le palier, ébloui par les petites flammes que les esclaves mettaient sous ses yeux pour mieux le voir, Goha demeura bouche bée. Il était dépaysé dans ce palais où tant de monde riait à la fois.

— Prends-le, Halima !

— Il est pour toi, Tronga.

— Au secours ! au secours !

Goha, que les agaceries des femmes avaient fini par mettre à l’aise, s’était emparé d’une petite négresse aux dents blanches, quand soudain les