tandis que de l’autre il explorait l’air où voletaient des moucherons. Goha tirailla ses paupières proéminentes. Agacé par ce jeu, l’animal gonfla sa gorge et saccada son souffle. Soudain il manifesta de l’inquiétude, s’enfuit des mains de Goha et grimpa sur un arbuste. C’est alors seulement que Goha remarqua l’agitation qui régnait dans Ghézireh, les battements d’ailes, les trottinements rapides, les piaillements aigus et qu’il entendit un sifflement strident qui le renseigna sur la cause de cette fiévreuse animation. Un monitor, rampant sur la berge, avertissait les bêtes et les gens de l’approche d’un crocodile. Goha se leva précipitamment, regarda à sa droite, puis à sa gauche et aperçut un paquet sombre qui descendait le fleuve, pareil à un tronc d’arbre flottant à la dérive.
— Allah ! Allah ! cria-t-il, et le caftan relevé pour dégager ses jambes, il s’enfonça dans l’île, courant à perdre haleine, soulevant à son approche des bandes de canards sauvages, d’ibis, de gangas qui s’étaient blottis peureusement dans les buissons.
Tout en courant, il poussait des cris perçants, imitant celui du monitor, battait des mains, chassait des pierres devant lui, heureux du désordre qu’il occasionnait sur son passage.
— Hé ! fils de Mahmoud, hé ! Ta maison est en feu ?
Goha s’était heurté à un vieillard maigre qui se, reposait au pied d’un tamaris. Il s’arrêta, haletant, le visage rouge, les yeux agrandis, avec dans toute