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LE LIVRE DE GOHA LE SIMPLE

mariage, portait avec orgueil une galabieh neuve.

— Et tu me donneras une galabieh, dit-elle à Goha, d’une voix douce, insinuante, une galabieh plus belle que celle de Fatma…

— Je te donnerai cinquante galabiehs, répondit Goha.

Alors la négresse ne put contenir sa joie. Elle se dressa sur son séant, ricana, et, interpellant dans l’obscurité un personnage imaginaire, elle cria, le poing tendu :

— Nous verrons, nous verrons qui de nous deux sera la plus fière demain !

Elle se frappa la poitrine et, toujours dans la même posture, poursuivit avec une émotion débordante :

— Il n’y a pas un homme pareil à Goha, je le jure sur ses deux yeux ! Il réussira dans toutes ses entreprises. Car jamais il ne dit : Hawa, va me chercher la gargoulette ; Hawa, va me chercher ceci, va me chercher cela… Quelqu’un veut le connaître ? Je lui donnerai mon avis. Est-ce que je n’ai pas été sa nourrice ? Est-ce qu’il n’a pas bu mon lait pendant six ans ?

Goha songeait au palais où il abriterait son ménage. Il choisit comme lieu d’emplacement la rive du Khalig et résolut de faire construire une haute balustrade autour de ta terrasse pour que les enfants qui lui naîtraient ne vinssent pas à tomber dans la rivière. L’esclave interrompit ses réflexions.

— Il faut te presser, mon chéri… Si tu veux te marier, marie-toi au plus vite.