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VII

la confession de goha


Un matin du mois de Moharrem 1144 de l’Hégire, Cheik-el-Zaki monté sur son âne se rendait à l’Université. Excité par le froid, le petit âne blanc trottait à vive allure et faisait tinter allègrement les piécettes d’argent suspendues à son cou. La tête recouverte d’une étoffe de laine, Cheik-el-Zaki songeait aux incessantes luttes de Mamelouks qui épuisaient l’Égypte. La veille le bruit s’était répandu dans la ville qu’Aly-Bey, l’ancien Cheik-el-Bafad, exilé depuis près d’un an dans la province de Saïd, était revenu et s’était ressaisi du pouvoir. La rue était calme. On parlait du coup d’État, simplement, au pas des portes. Au milieu, d’un groupe, Sayed le vendeur d’oranges, admirateur des forts, ne parvenait pas à secouer l’indifférence de ses auditeurs :

— Quatre beys tués cette nuit, quatre chassés,