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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/122

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APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


cette préparation subjective, variable selon l'état des esprits, là où elle est particulièrement nécessaire, et tendant iinalenient à rendre cette intelligence et cette volonté capaljles de comprendre et d’accueillir la liroposition du don divin de la révélation ; autre chose est Tapologétique considérée dans son rôle propre et spécifique comme science des fondements de la religion chrétienne et catholique : elle apparaît alors, ainsi qu’il a déjà été dit, comme une série d’assertions et de preuves organisées en vue dal)Outir directement au fait de la révélation divine, s’appliqiiant à cet ensemble de vérités qui composent la religion chrétienne prise comme norme ol>jcctive de nos relations avec Dieu, et constituant ainsi hi crédibilité rationnelle de cet ensemble de vérités.

Dans rencjclopédie des sciences religieuses, l’apologétique a sa place à la l)ase de la théologie, sans en être proprement partie constitutive, car la théologie est une science qui s’exerce sur l’objet propre de la foi. la vérité révélée ou la parole de Dieu supposée telle ; or, dans toute cette série d’assertions et de preuves qui ont pour terme le jugement de crédil)ilité, on ne peut évidemment faire appel ni aux Ecritures considérées comme livres divins, ni à la Tradition comme source partielle de la révélation, ni au magistère vivant de l’Eglise comme règle directrice de la foi ; rien de tovit cela n’est encore établi ni ne vaut pour celui qui ne croit pas encore, mais qu’il s’agit de convaincre qu’il peut et qu’il doit croii’C, c’est-à-dire adhérer fermement à cet ensemble de vérités comme divinement révélées. Si l’apologétique atteint, en général, le même objet matériel que la théologie, ce n’est pas en l’envisageant sous le rapport de A'érités révélées, déjà supposées telles, mais sous celui de vérités qui, sous la lumière de la raison, doivent apparaître comme révélées, et devenir ainsi, ultérieurement, croyables de foi divine.

II. Procédé |fondam entai de l’apologétique classique. — i. y’ue d’ensenihle. — Deux parties, traitées à part non chez tous les auteurs, mais chez la plupart, sont à distinguer : l’une d’ordre philosophique, l’autre d’ordre historique.

a) Partie philosophique. Elle porte sur la possibilité, la convenance, la nécessité morale, le caractère hypothétiquement nécessaire et obligatoire, la discernibilité de la révélation, entendue d’une manifestation de vérités due à une intervention divine, spéciale, immédiate, surnaturelle dans son objet, ou du moins dans son mode. Autant de questions qui se rattachent au premier princijje que suppose le jugement de crédibilité, énoncé dans toute son amiîlitude rationnelle : Dieu étant la Vérité suprême qui ne peut ni se tromper ni noiis tromper, tout ce qu’il révèle ou certifie est évidemment croyable au sens strict du mot, et, dans le cas où cette révélation réglerait mes rapports avec Dieu ma tin dernière, doit être cru. La raison peut se demander, ou, l’expérience le prouvant, objecter : Une révélation de ce genre est-elle possible ? n’est-elle pas inutile ? peutelle avoir un caractère obligatoire ? en tout cas, estelle susceptible d’une réelle démonstration ?

Supposant établies par la i^hilosophie l’existence de Dieu et les autres vérités rationnelles sans lesquelles on ne peut concevoir ni principe sudisant de moralité ni religion, l’apologiste classique s’arrête à ce qu’entraîne immédiatement l’idée de révélation divine, telle qu’elle vient d'être rappelée. Il établit que Dieu, Vérité suprême et cause première de toute intelligence ci-éée, peut manifester à l’homme des vérités qui dépassent la portée native de sa raison, de même qu’il peut l'élever à une perfection et à une lin supérieure aux forces et aux exigences de sa

nature. Cette élévation suppose dans la nature humaine une aptitude radicale au surnaturel ; aptitude dans la substance de l'àme capable de recevoir* des dons spirituels même d’ordre supérieur, aptitude dans les facultés d’intelligence et de volonté, dont rol)jet générique adéquat embrasse le vrai et le bien dans leur extension indélînie. C’est cette aptitude radicale de notre nature au surnaturel qui donne lieu, en théologie, à la notion et à l'étude de ce ([u’on appelle la puissance obédientielle.

De la possil)ilité. l’apologiste passe à la convenance de la révélation. S’il s’agit des Aérités accessibles jiar elles-mêmes à la raison, des Aérités naturelles, prises non dans leur détail, mais dans leur ensemble, l’expérience universelle du genre humain fournit des données telles, qu’on est amené à conclure en faA-eur non seulement d’une grande couvenance, mais de la nécessité relative, morale, d’une révélation divine, pour que ces Aérités « puissent, dans la condition présente du genre humain, être connues de tous facilement, avec une entière certitude et sans mélange d’erreur « . (Concile du Vatican, constit. de fide, c. ii.) S’il s’agit des mystères, la question de convenance s’identifie avec celle de notre élévation à l’ordre surnaturel ; élévation qui constitue pour la nature humaine un lîerfectionnement réel, et non quelconque, mais suprême en son genre.

L’hypothèse de notre élévation à une fin surnaturelle entraîne même la nécessité a])solue d’une révélation divine, surnaturelle dans son olijet comme dans son mode ; et, si cette lin surnaturelle dcA ient, en réalité, notre seule fin dernière, du même coup cette révélation se présente à tous avcc un caractèi’C obligatoire, la nécessité de la fin entraînant celle du moyen. Aussi le concile du Vatican, loc. cit., tire-t-il la nécessité absolue de la révélation, non pas de l’impuissance morale ci-dessus rappelée, mais de notre destination eÛ'ective à une fin surnaturelle Xuiî hac iuinen de causa res’elatio absolute neces sai’io dicenda est, sed quia Deus ex infinita bonitate sua ordinayit hominem ad pnem supernaturalem.

Pour qu’une telle révélation puisse pratiquement s"inq>oser aux hommes, il faut nécessairemeni qu’on en puisse reconnaître l’origine divine. San doute il n’appartient pas à la raison philosophiquf de déterminer a priori de quels moyens Dieu si serAÎra de fait ; elle peut cependant en comprendra la possibilité spéculativc, poser ([uelques jalonse proclamei" la nécessité, dans l’hypothèse, de critère ou signes distinctifs qui soient proportionnés à l’in telligence humaine et dont elle puisse rationnelh ment apprécier la Aaleur probante. Et c’est ain ; que, même dans la partie philosophique, les apol gistes sont amenés à discuter, par exemple, la poss bilité de la prophétie et du miracle, surtout lei aptitude à établir la crédibilité d’un messager dÎAi : et dans quelles conditions.

b) Partie historique. Elle a pour objet la preuve i la révélation dÎAine, prise dans sa réalité concrè ou son existence historique, et répond par con quent à l’autre assertion que contient le jugenie de crédibilité : Dieu a couimuniqué aux hommes, la personne de Jésus-Christ et des apôtres, une ré' lation désormais normative de la Araie religion, de cette révélation l’Eglise a été constituée dépc taire et gardienne.

Cette preuvc, où culmine l'œuvre apologétique raison peut la fournir, on le Acrra bientôt, ou j une Aoie abrégée, en allant droit à l’Eglise cor, dérée comme fait dÎAin, ou par une Aoie plus long mais aussi plus complète, en i>assant par la Bil utilisée comme document historique, pour arri au fait de l'établissement divin du christianism

ff/j.