Aller au contenu

Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
235
23
APOLOGETIQUE. APOLOGIE

(3

notion d’immanence onu l’idée, très juste en sonfond, que rien ne peut entrer en l’iiomnie qui ne sorte de lui et ne corresponde en quelque façon à un besoin d’expansion, et que ni comme fait historique, ni comme enseigncnænt traditionnel, ni comme ohlig." ! tion surajoutée du dehors, il n’y a pour lui vérité qui compte et précepte admissil)lc' sans être, de quelque manière, autonome et autochtone ». (M. Bloxdel, Lettre sur les exigences de la pensée contemporaine en matière d’apologétique, p. 28, 63 du tiré-à-part, Paris, 1896.) — Ce n’est pas le lieu d’examiner l’apologétique de l’immanence ; mais il importe de justifier le procédé classique, en le prenant tel qu’il est et pour ce qu’il est.

2. Justification de l apologétique classique. — Disons-le d’abord : cette apologétique, sous la forme technique qu’elle revêt dans nos cours de théologie ou nos manuels, ne se présente pas comme une recette pratique et d’application immédiate pour la conversion des incroyants ; c’est une synthèse, une systématisation, sous le rapport positif et négatif, constitutif et délensif, des preuACS qui justifient les prétentions de l’Eglise chrétienne et catholique à posséder un corps de révélation d’autorité divine, qui établissent la crédibilité rationnelle de toutes les vérités comprises dans ce corps de doctrine révélée. Synthèse et systématisation qui ne sont pas absolument nécessaires, car l'œuvre de la conversion peut se faire et se fait habituellement d’une façon beaucoup plus simple, mais qui n’en sont pas moins d’une très grande importance pour la proposition et la défense de la foi, comme pour l’honneur de l’Eglise.

Envisagée sous cet aspect, cp^ii est le vrai, l’apologétique classique se justifie à un double titre : par ses propres principes, examinés en vue du but qu’il s’agit d’atteindre ; par l’autorité que lui confère l’approbation officielle de l’Eglise. Mais il sera bon de tenir compte ici de la distinction déjà faite entre la double partie dont se compose la démonstration chrétienne.

a) Partie historique.lje problème de l’apologétique est nécessairement subordonné à la notion qu’on a de la foi, de la révélation, de la religion. Qu’on s’arrête à une foi quelconque, par exemple à une foi sentimentale, se réduisant à une vague religiosité ou à une connaissance philosophique de Dieu et des choses religieuses ; cpi’on s’en tienne à une religion purement naturelle, ou à une religion de la vie intérieure sans dogmes à croire ; qu’on ne voie dans la révélation qu’une manifestation de Dieu semblable à celle qui se fait dans le monde sensible par la création et dans l'àme par la voix de la conscience : et l’on concevra évidemment l’apologétique tout autrement qu’un catholique ne doit le faire. Que de l’homme même, de son fond intime germe le sentiment religieux, le besoin religieux et autres affections connexes, rien d'étonnant, puisque la religion est de droit naturel, et que l’homme, dans le même sens, est naturellement religieux. Mais, c|uand il s’agit d’une religion positive et surnaturelle, il en va tout autrement ; car précisément au titre de positive et surnaturelle, une telle religion dépasse les exigences, les aspirations naturelles de l’homme. Pour l’apologiste catholique, il ne s’agit pas de faire accei)ter l’idée d’une religion ou d’une révélation quelconque, d’un transcendant quelconque ; il doit établir que la religion ou révélation judéo-chrétienne, basée sur le surnaturel strict, est la seule vraie, à l’exclusion de toutes les autres religions qui se donnent pour légitimes, donc qu’elle est divine dans son origine et, par suite, dans son autorité. Pour l’apologiste catholique, la foi étant, objectivement, l’ensemble des vérités révélées, c’est-à-dire manifestées par un acte immédiat, positif et spécial

de Dieu, et, suljjectivement, l’adhésion formelle de l’esprit à ces mérités en tant cjue révélées par Dieu (quoi qu’il en soit des autres aspects compatibles, comme d'être l’introduction pratique d’une vérité vivifiante dans notre cœur et dans notre conduite), la preuAC du fait de la réA élation diA ine est le point capital d’où ressort la crédibilité rationnelle de cet ensemble de Aérités et de la religion chrétienne ; et cela pour une double raison : il faut fournir au sujet le propre objet de la foi chrétienne, qui est la A'érité réA-élée ; il faut lui permettre de former un jugement prudentiel sur la crédibilité spéculative et pratique de l’objet cjui est proposé à son adhésion ferme et souvcraine en son genre.

Aussi toute apologétique qui n’aboutit pas au fait concret de la réA'élation divine reste en deçà du but à atteindre ; l’esprit n’est pas mis en contact avcc le Arai motif et l’objet propre de la foi chrétienne. Au contraire, ce fait établi, la crédibilité et le crédentité sont acquises en droit, parce que le caractère rationnel et obligatoire de l’assentiment de foi repose, en dernière analjse, sm* l’autorité de Dieu, maître et A'érité suprême, et sur le rapport de moyen propre en Aiie d’une fin obligatoire, qu’acquiert l’adhésion à la révélation divine. Que, pour se déterminer à vouloir cette adhésion, telle ou telle catégorie d’esprits ait besoin d’autres raisons dans l’ordre affectif, d’accord ; mais, en soi, que manque-t-il alors à une Aolonlé simple, droite et sincère, pour Aouloir ? Eaudra-t-il proclamer bon pour les théologiens, mais non avenu pour les philosophes, ce principe énoncé au concile du Vatican : -( L’homme étant tout entier dépendant de Dieu comme son Créateur et Seigneur, et la raison créée étant absolument sujette de la Aérite incréée, nous sommes tenus de rendre à la révélation divine la pleine soumission de l’intelligence et de la A-olonté par la foi » ? En tout cas, s’il faut une préparation préalable de la Aolonté. pour que le sujet Aeuille, ou même de l’intelligence, pour qu’il puisse Aoir et entendre, ce n’est pas. cette préparation subjectiAC qui, abstraction faite des critères objectifs delà réA'élation, permettra de dire : Dieu a vraiment parlé, et pourra en conséquence dcvenir la base du jugement prudentiel de crédibilité et de crédentité. Tous les efforts que les partisans à outrance de l’apologétique subjectiA’e ou de la primauté du bien sur le Arai ont tentés pour surmonter cette dilhculté ou l'éluder, sont restés stériles ; ils n’ont eu pour effet que d’obscurcir la A-raie notion de l’acte de foi chrétienne et de ses antécédents logiques.

Les mêmes principes expliquent l’importance donnée, dans l’apologétique classique, aux critères ou sigTies distinctifs de la révélation cUa ine. Celle-ci doit être établie comme fait historiqiie, et l’on ne découA-re pas un fait historique par des intuitions intérieures, pai" des aspirations plus ou moins définies. Quand il s’agit d’un fait cjui ne tombe pas sous nos sens, il faut qu’il soit atteste ou par des effets qui noxis permettent de remonter à la cause, ou par des témoins dont la parole, à son tour, soit garantie par des signes divins. Prétendre que l’intelligence et l’acceptation de ces signes comme divins supposent déjà la foi, c’est méconnaître la notion exacte de la foi proprement dite ; elle ne consiste pas à reconnaître l’existence du témoignage dÎAin (c’est là un acte de connaissance rationnelle) mais, ce témoignage étant reconnu, à le prendre librement pour motif et pour règle d’assentiment à la Aérité cpi’on ne A’oit i^as, mais que Dieu affirme. Ce que l’intelligence et l’acceptation du signe diA’in supposent, c’est une foi au sens large, croyance naturelle en un Dieu iiersonnel, tout-puissant, bon et Aéridicpic, avec une certaine dose de confiance en sa ProAÙdence et une franche