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Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/136

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APOTRES

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j, ^ative des seuls apôtres, puisque le Seigneur ressuscité est apparu « en une seule fois à plus de cinq cents frères, dont la plupart sont encore vivants » (I Cor., XV, 6), et qui ne sont pas apôtres jjour cela.

En dernière analyse, être apôtre du Christ, connue Paul en revendique la qualité, signiiic être envoyé du Christ, envoyé par le Christ, comme être apôtre des églises signilie être envoyé par les églises : Paul parle des àrsVrs/ît 'S.prrzoZ (II Cor., xi, 13) comme il parle des àrc7T ; /st é/./.'/r^'jiw {/b., viii, 28). Si les apôtres des églises ont pour les accréditer une lettre que leur donne l'église qui les envoie, l'à-cVrî/j ; XcurcO dcvrait cti’c accrédité par une lettre du Christ : condition irréalisable. On recourra donc à un équivalent, et voilà pourquoi Paul dit aux Corinthiens : u Vous m'êtes une lettre du Christ. » Etre envoyé par le Christ supijose qu’on a vu le Christ, non pas dans le troisième ciel, si on y est ravi, mais sur terre et comme l’ont vu les témoins de sa résurrection. Voilà pourquoi Paul est le dernier des ajjôtres (I Cor., xv, 8, 9), étant le dernier qui a vu le (Christ ressuscité : après Paul, il n’y a plus d’apôtres. Enlin et surtout, être envoyé par le Christ implique qu’on a reçu mission sur terre du Christ en personne, là est la -raie racine de l’apostolat. Si Paul peut se proclanuM « apôtre, non de la part des homnies, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le père qui la ressuscité d’entre les morts » (Gal., 1, 1), c’est qu’il n’y a d’apôtre du Christ que celui que le Christ désigne et envoie : « Il a plu à Dieu de révéler en moi son Fils, afin que je l’annonçasse parmi les Gentils)>, et sur-le-chanq) Paul est parti jiour l’Arabie, « sans considter ni la chair, ni le sang, sans monter à Jérusalem vers ceux qui étaient déjà apôtres » (roùc -npô ifj.cj K7ro7ro/ij ; , Gal., 1, j6, 17). Paul a reçu directement sa mission de Dieu par Jésus-Christ : « Jésus-Christ par qui nous avons reçu la grâce et l’apostolat « {Rom., 1, 5). C’est en ce sens plein que Paul est apôtre, non simplement apôtre, mais a apôtre du Christ », appelé et euvoyé personnellement par le Christ en personne (Hom., 1, i, Act., xxii, 21, et xxvi. 16-18). Voyez dans ce sens, R. Sohm, Kirchenvecht, t. I (Leipzig 1892), p. 42.

III. — Cette première donnée est acquise que Paul est le dernier des apôtres, puisqu’il est le dernier à qui le Christ ressuscité s’est montré : Paul peut appeler tous les autres apôtres « antecessoresmei » (Gai. 1, 17). Il est l’avorton, mais il est de même famille que les autres (I Cor., xv, 8).

Une seconde donnée est acquise d’ailleurs : Paul a la conviction d’avoir reçu de Dieu la mission d'être l’apôtre de la gentilité (Rom., 1, 5 et xi, 13), tandis que les autres apôtres, ses antecessores, sont envoyés aux circoncis. Le texte célèbre de l'épître aux Galantes II, i-14) l'établit surabondamment. Paul, après quatorze premières années de mission est averti par une révélation cjli’il doit monter à Jérusalem, où il n’a point paru depuis sa première visite, trois ans après sa conversion. Là, tout un parti de zélotes veut l’obliger à imposer la circoncision aux Gentils qu’il a gagnés au christianisme. Paul s’adresse à ceux qu’il appelle les « notables », par allusion à l’importance qu’ils ont et que ses adversaires reconnaissent : ce sont Pierre, Jacques et Jean. Si les notables avaient désavoué Paul, c’en eût été fait de son apostolat, de ses missions, de ses quatorze années de prédication, il aurait « couru en vain ». Où l’on voit clairement que l’apostolat n’est pas un charisme qui se justifie par lui-même. Les « notables » de Jérusalem n’imposèrent pas à Paul l’oljligation de la circoncision pour ses convertis : au contraire, dit-il, « voyant que l’Evangile m’avait été confié jjour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, — car Celui qui a

fait de Pierre l’apôtre des circoncis, a aussi fait de moi l’apôtre des païens, — et ayant reconnu la grâce qui m’avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean me donnèrent à moi et à Barnabe les mains en signe d’accord, afin que nous allassions, nous aux païens, eux aux circoncis » {Gal., 11, 6-9).

Ainsi, aux yeux de saint Paul, d’un côté l’aposlolat des païens confié à lui et à Barnabe, de l’autre l’apostolat des circoncis confié aux apôtres qui sont avant lui. Du même coup, voici des noms : Pierre, Jacques, Jean. — Pierre, que (sauf Gal., 11, 7-8) Paul appelle toujours Céphas {Gal., 11, 14 ; / Cor., , 12 ; 111, 22 ; IX, 6 ; XV, 5), est apôtre et cette qualité vient de lui être donnée par Paul {Gal., 11, 8). — Jacques, de même, au témoignage de saint Paul écrivant de sa première visite à Jérusalem, celle qui se place trois ans après sa conversion : « Je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas et je demeurai quinze jours auprès de lui ; mais je ne vis aucun autre des apôtres, si ce n’est Jacques, frère du Seigneur » {Gal., 1, 18, 19). L’expression si ij.r, dont use ici saint Paul, exprime que Jacques est du nombre des apôtres. Il est, au moment de la seconde visite de Paul à Jérusalem, comme au moment de la première A’isitc, un notable de premier rang, avec Pierre ; et il doit cette considération au fait que Jésus ressuscité lui est apparu, à lui individuellement, comme à Pierre. C’est ce dont témoigne saint Paul dans l'énumération des apparitions : « Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres » (/ Cor., xv, 5).

Dans les textes cités jusqu’ici, le nombre des apôtres est indéterminé. Il n’y a qu’un texte, dans toutes les épîtres paulines, où saint Paul parle des Douze : le Christ ressuscité, dit-il, u est apparu à Céphas, puis aux Douze » (/ Cor., xv, 5). Ce texte, dont il n’y a pas lieu de suspecter la valeur critique, suffirait à établir que, pour saint Paul, les Douze sont un nombre consacré par la tradition existante, d’autant que, ici. Paul aurait dû dire onze, et non douze. De fait, la Vulgate a traduit àùôs/.y. par iindecim.

III. — Dans l’Evangile de saint Jean, les Douze sont mentionnés comme formant le groupe des disciples les plus étroitement, les plus fidèlement attachés à Jésus. Saint Jean ne raconte pas leur Aocation collective, et il ne donne pas la liste de leurs douze noms : jamais il ne leur donne le nom d’apôtres. Dans l’Apocalypse (xxi, i ! ) toutefois il est parlé de la cité dont le mur a douze fondements et sur ces douze fondements sont « les noms des douze apôtres de l’Agneau ». Dans son Evangile, saint Jean atteste que Jésus les a choisis : « N’est-ce jias moi qui aous ai choisis, aous les Douze ? Et l’un de a’ous est un démon. Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote, car c'était lui qui dcA ait le trahir, lui, l’un des Douze » (./o., AI, 70, 7 i). Saint Jean mentionne un second nom d’apôtre, saint Thomas, « l’un des Douze, celui qu’on appelle Didyme » (/o., xx, aij). A la Cène, il n’est pas dit expressément que Jésus ait autour de lui les Douze, mais il y a nommément Pierre, Thomas, Philippe, Jude, Judas et le disciple préféré, Jean. Le discours du Sauveur après la Cène est, en quelque sorte, une investiture des Douze : n C’est moi qui vous ai choisis et qui aous ai établis, pour que a ous alliez, et que aous portiez du fruit, et que A-otre fruit demeure » (fo., XA', 16). Puis, s’adressant au Père, « j’ai gardé ceux que aous in’avez donnés, et pas un d’eux ne s’est i^erdu, hormis le fils de perdition » (xaii, 12). « Comme aous m’aveZ envoyé (K7r£7T£t/ « ç) dans le monde, je les ai aussi euA’oyés ( « rc7T£(/a) dans le monde » {Jo., xvii, 18).

On Acut que ce discom-s ait en vue, non les Douze, mais les disciples au sens le plus large, et qu’il s’adresse ainsi à tous les croyants qui AÏendi-ont